Israël-Palestine : l’équation à un Etat
Après l’échec des accords d’Oslo, qui prônaient la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël, germe peu à peu, de la Méditerranée au Jourdain, l’idée d’un seul Etat pour tous, binational.
Au nord de Ramallah, perché sur des collines rocailleuses face à une colonie israélienne, le village de Nabi Saleh est un symbole de la résistance non armée palestinienne. De 2009 à 2016, les habitants ont organisé, chaque vendredi, des manifestations pacifiques, filmé les attaques des soldats et des colons israéliens, les terres confisquées… La sédition telle que la professe l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie : s’obstiner, sans armes ni moyens, pour regagner quelques bouts de terrain face aux Israéliens – ou plutôt, ne pas trop en perdre.
Bassem Tamimi y a consacré sa vie. Aux murs de son salon sont accrochés plusieurs portraits de sa fille, Ahed, boucles blondes et regard bleu perçant, célèbre pour avoir giflé un soldat israélien en 2017. De génération en génération, les formes de la lutte sont les mêmes, mais le but a changé.
« [Lorsque les accords d’Oslo ont été conclus en 1993], je voyais la solution à deux Etats comme une possibilité de me libérer de la colonisation israélienne », explique le père d’Ahed, né en 1967, année de l’occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est. Dans la prison israélienne où il est alors incarcéré, les discussions entre militants palestiniens sont animées. Certains mouvements sont opposés aux accords.
Les dirigeants palestiniens ont fait, avec Oslo, un pari risqué : ils ont abandonné l’ambition de reprendre toute la Palestine historique, de la Méditerranée au Jourdain, dans l’espoir d’obtenir un Etat indépendant sur les territoires occupés en 1967. Mais le processus de paix s’est enlisé, les colonies israéliennes se sont étendues et, vingt-sept ans plus tard, Donald Trump a porté un dernier coup fatal, en ouvrant la voie à l’annexion par Israël d’une partie de la Cisjordanie.